Quelles solutions pour se protéger contre les risques inondations ?

27 février 2024

Les risques inondations sont bien présents dans cette zone du Val de Loire. Le Département du Loiret et le groupement d’entreprises ont pris en compte ces problématiques hydrauliques. Dans cette interview, Laurent Giquel, responsable Projets au Département, nous explique les choix qui ont été faits et les travaux entrepris pour y répondre.

Le caractère inondable du Val d’Orléans constitue une préoccupation majeure. Pouvez-vous nous expliquer les enjeux hydrauliques liés au projet de la déviation de Jargeau ?

L’enjeu est double. D’une part, assurer la meilleure transparence hydraulique du nouveau franchissement du fleuve, à savoir aucun effet du projet sur le déversoir de Jargeau situé à moins de 5 km du futur pont. D’autre part, garantir l’intégrité de la digue au sud de la Loire, interceptée par la déviation. Pour respecter ces objectifs, l’ouvrage d’art franchissant la Loire a été conçu à la crue cinqcentennale (500 ans).

Dans l’architecture du nouveau pont sur la Loire, quels ont été les choix structurels favorisant l’écoulement des eaux ?

L’enjeu hydraulique a conduit à retenir un ouvrage allongé à 570 mètres avec un minimum d’appuis (5 appuis intermédiaires) avec des travées de grande longueur, jusqu’à 115 mètres. La typologie d’ouvrage la plus adaptée à ces longueurs est l’ouvrage à tablier mixte associant une structure métallique, en l’occurrence un caisson ouvert, à une dalle béton sur laquelle la chaussée est appliquée.

Une autre nature d’ouvrage de type « ouvrages à câbles » aurait permis de réduire encore le nombre d’appuis mais n’a pas été retenu pour des raisons d’insertion dans le paysage inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco.

Par ailleurs, le tracé du franchissement ayant un biais avec le fleuve, les piles du pont sont vrillées pour assurer le meilleur écoulement possible.

A quoi sert l’ouvrage hydraulique (dit de décharge) positionné dans le lit endigué de la Loire (inondable) entre le nouveau pont sur la Loire et la digue ?

A partir de la crue cinquantennale (50 ans), la Loire sort de son lit mineur et pénètre dans le méandre sud en suivant le pied de la levée. La déviation pouvant constituer une barrière aux écoulements de crues exceptionnelles, cet ouvrage d’art de 75 mètres, complémentaire à l’ouvrage principal assure une meilleure transparence hydraulique en facilitant les écoulements dans le lit majeur endigué et, associé à la création d’un chenal d’accompagnement de ces crues, permet d’écarter les vitesses d’écoulement les plus importantes du pied de la levée.

Le tracé franchit la levée de Loire au niveau de Pontvilliers. Dans les travaux, qu’est-ce qui est fait pour garantir l’intégrité de la digue en cas de forte crue ?

Pour éviter le tassement de la digue dû au poids de l’infrastructure nouvelle, cette dernière repose sur un complexe associant un ensemble d’inclusions rigides (tubes métalliques de 15 à 18 mètres de profondeur ancrés dans le substratum calcaire) avec un matelas granulaire mis en œuvre sur une géogrille assurant la bonne diffusion des charges.

En quoi l’architecture du pont, l’ouvrage hydraulique et le renforcement de la digue sont essentiels pour répondre au caractère inondable de la zone ?

Ces choix permettront de limiter, au droit du nouveau franchissement, à 15 cm la réhausse de la ligne d’eau au niveau de la levée (crue de 500 ans) et de garantir l’absence d’effet du projet sur le déversoir de Jargeau.